Sous ce nom quelque peu ridicule se cache un fromage de chèvre de l'Ariège à la fois très affiné et crémeux, et ce sans être piquant, autant dire que c'est une perle rare parmis les fromages de chèvre de la planète. Il s'agit d'un fromage à pâte pressée non cuite et lavée, produit uniquement par la ferme du Col del Fach à Loubières. Je l'aime tellement qu'il a même détrôné ma tomme de chèvre du magasin le Buron à Clermont Ferrand grâce à son goût incomparable. Oui je fais des infidélités aux fromages d'Auvergne, quoi que...
Au départ je n'étais pas censée acheter du fromage, obésité oblige. Mon but était de cuisiner des champignons. Mais je n'ai trouvé qu'une poignée de girolles à moitié gelées et des coulemelles minuscules qui ont terminé dans de simples crêpes.
Et puis une amie m'a commandé un Gaperon et ça s'est terminé en kit de survie de l'auvergnat exilé dans le Nord:
Dans le sens des aiguilles d'une montre: de la tomme de chèvre (celle-là même qui s'est retrouvée destituée), un petit morceau de St Nectaire qui n'en peut plus avec la croûte qui craquèle, du Lavort (brebis au lait cru), de la fourme de Rochefort (pas n'importe laquelle, celle de la famille Vedrine de Pierrefitte, à côté de Rochefort Montagne, la seule qui ait du goût), un Gaperon, un Salers parfait (croûte marron sur le dessus, blanche sur le côté et assez épaisse, gage de goût et assurance d'une longue conservation) et du bleu de chèvre (gras, vert et suintant, parfait quoi). Oui parce que le bleu d'Auvergne basique grisâtre et sec ce n'est pas trop mon fantasme. Il faut savoir qu'en plus de ce dernier et de la Fourme d'Ambert, en Auvergne, on a aussi du bleu d'Avèze, du bleu de Laqueuille, du bleu d'Auvergne au lait cru, du bleu de brebis, du bleu de chèvre, du carré d'Aurillac, de la foume d'Yssingeaux et de la Fourme de Montbrison (produite dans 5 communes du Puy de Dôme et aussi en grande partie dans la Loire), et je dois sûrement en oublier.
Je risque de blesser mes copinautes nordistes mais je dois avouer que dans le Nord j'ai l'impression d'être privée de fromage. Certes je sais apprécier un Maroilles ou un Vieux-Lille dans des préparations chaudes, mais d'une manière générale je trouve les fromages du Nord aussez désagréables à manipuler. Quand ils ne poissent pas ils s'effritent ou alors sont tellement difficiles à couper que vous risquez de vous couper un doigt avec.
Tout ça pour dire que j'avais besoin de faire le plein de fromages, comme à la fin de chaques vacances passées en Creuse, à 5 km de l'Auvergne. Et chez le fromager, pour une raison que j'ignore encore, alors que je venais de trancher entre le Lavort de brebis et celui de chèvre, mon attention a été attirée par un fromage à croûte orange qui ressemblait un peu au Fournols (autre fromage d'Auvergne). On m'a dit que c'était en fait du chèvre et on m'a proposé de goûter. Et là révélation fromagesque de la décennie. J'ai demandé un petit morceau, et puis comme son goût merveilleux persistait en bouche j'en ai fait couper un autre. J'en ai mangé plein, fait profiter à mes amis et puis après avoir parcouru le net à la recherche d'informations sur lui, après m'être rendue compte que personne autour de moi ne connaissait, je me suis dit qu'il méritait que le monde entier (enfin du moins le peu de gens qui me lisent) le connaisse. Parce que ce que j'ai trouvé sur le net m'a laissée sur ma faim. On y décrit un fromage de la taille d'un camembert alors que le mien était beaucoup plus gros. Je vous laisse juger, avec le bout ridicule qui me restait: