Je ne suis pas peu fière de vous montrer mon premier fromage (le 2ème de mon mari). Vous ne savez pas ce que c'est vous en France de vous sentir privé de fromage. Honnêtement ça va un peu mieux depuis un mois, depuis que j'ai découvert une épicerie spokanienne avec d'excellents fromages à des prix inférieurs aux grandes surfaces habituelles. J'ai notamment trouvé du bleu d'Auvergne au lait cru excellent, bien meilleur que le bleu de base de grande surface en France, et du vrai Gruyère suisse affiné, un vrai bonheur et une découverte pour moi. Seulement y'a un hic, ils ont beau avoir au moins huit bleus de partout dans le monde, ils n'ont pas un seul fromage crémeux. Spokane c'est le désert fromagesque. Ça fait râler quand on sait que sur la côte ouest ils ont plein de fromagerie de Seattle à la Californie. En plus leurs fromages ont bonne réputation, mais ils n'arrivent pas jusqu'ici. Donc le désespoir vous pousse à acheter environ dix litres de lait cru hors de prix pour faire votre propre fromage.
Mon mari a jeté son dévolu sur le Mont-d'Or, parce que pour lui c'est le fromage crémeux par excellence. Et vous croyez que ça se trouve une recette de ce fromage sur le net? Bin non. Et si je vous dis que sur les sites français il n'y a que des informations pour faire du fromage frais vous me croyez? C'est quand même un comble d'en être réduit à de demander de l'aide à des blogueurs américains pour faire un fromage français. Il faut croire qu'on a pas besoin de faire notre propre fromage en France vu qu'on a tout sous la main.
C'est qu'on en a lu des sites et des blogs pour dénicher une info par-ci par-là. On a réussi à trouver en gros comment on procédait pour fabriquer le Mont-d'Or, malgré quelques informations contradictoires, mais on n'a jamais trouvé quelle bactérie ou levure magique ils mettent dedans. Si quelqu'un a l'info je suis prête à vendre mon âme pour l'avoir. Mon mari a découpé comme il a pu des bandes d'écorce dans un tronc d'épicéa (oui je sais il est fou) et les a ramollies dans de l'eau et puis on s'est munis de ce qu'on avait sous la main, des bactéries qu'on utilise pour le camembert (penicilum candidum et geotricum, responsables de la croûte blanche) et pour l'époisses (b-linens, responsables de la croûte rouge et poisseuse qui pue), le but étant d'obtenir un fromage à pâte molle. L'homme a tenu à faire chauffer la lait au feu de bois comme on le faisait dans le temps pour le Vacherin suisse. J'ai pas trop aimé les morceaux de cendre qui volaient dans le lait mais j'ai laissé faire. Notre caillé a bien pris mais on a souffert pour le séparer du petit lait, on n'était pas assez équipés de passoires ou linges. Une fois le moulage effectué on a été soulagés parce qu'en gros c'est 48 heures de boulot et d'attente où on passe son temps à laver et désinfecter les ustensiles.
Il a bien fallu attendre une semaine pour que nos fromages commencent à bouger. On a pourtant un frigo spécial équipé d'un régulateur de température et d'un indicateur de taux d'humidité. Ils ont commencé à se couvrir d'un peu de moisissure bleue, la poisse. Les premiers fromages tentés par mon mari avaient le goût de moisi donc il fallait à tout prix éviter ça. J'ai lu quelque part qu'il fallait les laver avec une saumure au vinaigre. J'ai dû le faire 3 fois puis j'ai abandonné parce que la moisissure finissait toujours pas revenir. Le lavage au vinaigre semble avoir retardé la formation de la croûte donc on a stoppé tout lavage mais on a vaporisé plein de bonnes bactéries pour enrayer la formation de la moisissure. Bien que tous les fromages aient étaient traités à la même enseigne certains ont développé une croûte rouge et d'autres une croûte blanche avec plus ou moins de bleu. Pour l'instant nous n'en avons goûté qu'un orange, celui que je vous montre aujourd'hui. A sa tête vous vous doutez qu'il ressemble plus à un Epoisses plein de caractère qu'à un Mont d'Or. Mais qu'est-ce qu'on s'en fiche! On a réussi à faire un fromage au lait cru qui coule donc on peut être fiers de nous, non? Après 24 heures on en a déjà mangé plus des 3/4 ça doit être qu'il est pas dégueux.
My first ripened cheese!
I'm very proud to show you my first cheese (the second for my husband). In France you don't know what it is to feel cheese deprived. Honestly I've been a bit better for a month since I found a grocery store in Spokane with excellent cheeses at cheaper prices than regular shops. I especially found an excellent raw milk bleu d'Auvergne. It is much better than the average bleu in French supermarkets. I also found a real cave-aged Swiss Gruyere, it was pure bliss and a real discovery for me. But there is a problem, in thqt shop they carry at least eight cheeses from all over the world but they don't have a single soft cheese. Spokane is a cheese desert. It drives you nuts when you think that on the west coast they have tons of cheese factories, from Seattle to California. On top of that their cheeses have a good reputation, but they don't make it to Spokane. So it gets to the point where despair urges you to buy about ten liters of indecently expensive raw milk to make your own cheese.
My husband set his heart on Mont-d'Or cheese, because for him it's the ultimate soft cheese. And you would think it's easy to find a recipe for that cheese on the web? No, it's not. What if I told you that on French websites there is only information on how to make fresh cheese? Would you believe me? It's a shame to have no choice but ask for help from American bloggers to make a French cheese. I guess we don't need to make our own in France as we have everything we need.
You know we've read a lot of sites and blogs to find a small piece of information here and there. We managed to find the basics of the making of Mont d'Or, despite some conflicting information, but we never found out the bacteria or magic yeast they put in it. If someone has the information I am ready to sell my soul for it. My husband did his best to cut strips of bark in the trunk of a spruce tree (yes, I know, he's insane) and had them soften in water. Then we gathered what we had at hand, that is bacteria used to make Camembert (penicilum candidum and geotricum responsible for the white rind) and bacteria to make Epoisses or Munster (b-linens, responsible for the red sticky rind that stinks), with the goal of obtaining a soft cheese. My guy wanted to heat up the milk over a wood fire as they used to do for the Swiss Vacherin. I didn't really like the bits of ashes that flew in the milk but I let him do it. Our curd worked but we had trouble separating it form the whey because we didn't have enough strainers or cheesecloth. Once the moulding was done it was a relief because we spent about 48 hours working and waiting, washing and sanitizing utensils.
We had to wait for a week to see some changes in our cheeses, even though we have a fridge that's specially equipped with a temperature control tool and a humidity calculator. They began to get coated with a little blue mold. Bad luck. The first cheeses my husband made tasted mouldy so it was absolutely necessary to avoid that. I read somewhere that they should be washed with a vinegar brine. I must have done it three times and then I gave up because the blue mold always came back in the end. Washing with vinegar seemed to delay the formation of the rind so we stopped washing them altogether and only sprayed them with tons of good bacteria to stop the growth of the blue mold. Although all our cheeses got the same treatment, some developed an orange rind while others developped a white one with more or less blue. For now we've only tried an orange one, the one I'm showing you today. From the way it looks you can tell it is more like a stong Epoisses than like a Mont d'Or. But what do we care! We managed to make a runny raw milk cheese so we can be proud of us, can't we? After 24 hours we've already eaten more than 3/4 of it so it must be kinda good.